


40 e édition 2026
La 40 e édition des Concerts de la Semaine sainte de Fribourg aura lieu les 2 et 3 avril 2026, en l’église du Couvent des Cordeliers de Fribourg.
L’Oratorio de la Passion de Bach ressuscité …
Reconstruction par Alexander Grychtolik du Passionsoratorium, BWV Anh. 169, de
Johann Sebastian Bach, sur un livret du poète Christian Friedrich Henrici, dit Picander, intitulé "Erbauliche Gedanken auf den Grünen Donnerstag und Charfreitag über den Leidenden Jesum" ("Pensées édifiantes pour le Jeudi saint et le Vendredi saint sur les souffrances de Jésus") et extrait de son recueil publié en 1725.
En toute probabilité, il s’agit là vraisemblablement de l’une parmi les cinq Passions attribuées à Johann Sebastian Bach, dont la partition et le matériel musical ont été perdus ; cependant, plusieurs indices d’ordre historique sont suffisamment probants pour donner à penser que Bach est le compositeur de la musique du Passionsoratorium de Picander.
À cela viennent s’ajouter d’étonnantes correspondances, mises en lumière par l’analyse musicologique de l’œuvre vocale de Bach, sacrée ou profane, à travers ses cantates, messes, oratorios, passions, musiques de circonstance, ainsi que par l’examen du traitement
des matériaux préexistants exploités dans des compositions ultérieures, généralement de plus grande envergure que la source d’origine.
En effet, Bach recourt volontiers à un procédé très courant chez les compositeurs du 18e siècle, celui du Pasticcio, qui permettait de réactualiser un matériau musical antérieur et de l’intégrer à une nouvelle composition. Mais pour réaliser à satisfaction une telle opération, il était nécessaire (et sans doute primordial pour Bach) que la rhétorique musicale et l’expressivité émotionnelle soient en parfaite adéquation avec la circonstance et l’esprit du nouveau texte à illustrer musicalement.
Pour réaliser ce procédé de savant "recyclage" créateur, Bach exploitait avant tout certains mouvements tirés de ses propres musiques, à chaque fois avec la plus grande pertinence et dans un esprit de perfectionnement et de transcendance de l’original, transposant le profane vers le religieux, l’occasionnel vers le sacré, le beau vers le sublime, guidé qu’il était par cet esprit d’excellence et de perfection qu’il n’a cessé de consacrer fidèlement à son œuvre qu’il dédiait – selon la fameuse devise – "Ad majorem Dei gloriam".
Cet art de l’"auto-parodie" se retrouve donc au cœur des plus célèbres et impérissables chefs-d’œuvre du Cantor de Leipzig, dans ses morceaux les plus aboutis et parmi les grands moments d’émotion que l’on peut entendre non seulement dans la Messe en si, dans ses passions bien connues (Saint-Jean, Saint-Matthieu, Saint-Marc), mais aussi aujourd’hui comme principe de base employé pour restituer sa musique à cet Oratorio de la Passion inédit, savamment reconstruit à la lumière de recherches et de conjectures hautement documentées et complété de manière éloquente par le musicien et musicologue allemand Alexander Grychtolik.
Arrivée à point nommé pour couronner l’inlassable parcours de recherches et de découvertes originales du fondateur et directeur artistique des CSS, cette partition de l’Oratorio de la Passion de J. S. Bach représente l’aboutissement de 40 années de production des plus belles et significatives œuvres musicales destinées au temps de la Passion, ainsi que leur partage avec de nombreux et fidèles auditeurs régulièrement conquis par la découverte de trésors musicaux rares et précieux auxquels leurs émotions ont été reliées.
Dès lors, gageons que cet éminent chef-d’œuvre, inscrit à l’affiche des Concerts de la Semaine sainte des 2 et 3 avril 2026 à Fribourg, ne manquera pas d’apparaître désormais au répertoire des œuvres de Bach les plus remarquables présentées en concert, ici et loin à la ronde.