
HAENDEL, UN MAITRE DANS L’ART DE L’ORATORIO
Georg-Friedrich Haendel, un géant parmi les compositeurs les plus marquants de l'Europe baroque, à la croisée des influences anglaises,allemandes, françaises ou italiennes. Né le 24 février 1685, en Allemagne, Haendel se forme très jeune à l’orgue, au clavecin et à la composition et jouit de l’influence remarquable du compositeur et théoricien de la musique Johann Mattheson.
Fort de cette expérience, il séjourne dès 1705 en Italie, fréquentant de nombreux musiciens reconnus (Scarlatti, Corelli, Caldara, Lotti, Albinoni...), quatre années fécondes qui s’achèveront sur un succès phénoménal , celui de son opéra Agrippina et de ses 27 représentations à la suite de sa création à Venise en 1709.
Après avoir occupé le poste de maître de chapelle à la cour d’Hanovre jusqu’en 1712, il s’installe définitivement à Londres où il se concentre sur la composition d’oratorios dramatiques en langue anglaise ainsi que sur le genre du concerto. Il y restera jusqu’à sa mort, le 14 avril 1759, laissant une large production d’opéras et d’oratorios, dont le Messie donné une semaine avant sa mort.
Un unique oratorio en langue allemande
Probablement achevé à Londres en 1716, cet unique oratorio de Haendel en langue allemande appartient au genre de l'oratorio de la Passion. Contrairement au type traditionnel du genre de la Passion oratoire, le récit biblique est librement paraphrasé en forme de vers.
Comme dans le genre du drame spirituel, la Brockes-Passion fait intervenir, aux côtés des acteurs de ce récit, des personnages qui commentent l'action dramatique, comme la Fille de Sion et les Âmes croyantes. Le texte de l'oratorio raconte l'histoire de la Cène jusqu'à la mort de Jésus sur la croix ; il renonce à une lecture liturgique et omet les épisodes de la descente de la croix et de la mise au tombeau.
Cette dramatisation du déroulement de la Passion avait pour intention de toucher et de bouleverser directement l'auditeur sur le plan émotionnel face aux souffrances et à la mort de Jésus.
La traduction musicale de Haendel du poème de Brockes offre une vaste palette d'affects et de sentiments illustrés d'une multitude de figures rhétoriques et de divers moyens musicaux hautement dramatiques. Aux arias furieux de colère ou de désespoir répondent d'autres pages dont le lyrisme dépeint les affects du deuil, de la souffrance, de l'abattement, des larmes qui coulent…
Les chœurs, bien qu'encore clairement inscrits dans la tradition de l'oratorio italien, sont volontairement simples, mais dotés d'une puissance dramatique très éloquente et parfaitement efficace.
Seuls deux ou trois chorals interviennent au fil de l'action et il faut attendre l'épilogue de la passion pour entendre deux autres strophes de choral qui encadrent un ultime air de consolation chanté par la Fille de Sion, sur des paroles d'une troublante parenté avec la Passion selon saint Jean de Johann Sebastian Bach et les multiples images poétiques qu’il a empruntées à Brockes.